
Ethic & Tropic - Corinne Bally
- Lieu : Parc National del Darién, Panama/Colombie, Amérique centrale
- Savoir-faire : Tissage masque chamanique traditionnel tribus Wounaan et Embera

Si nom commercial : qui se cache derrière ce nom ? Pourquoi ce nom ?
Ce nom allait de soi : Ethique parce que la beauté n’a de sens que si elle est respectueuse des personnes, des traditions, de l’environnement et Tropique parce que nous créons et fabriquons au cœur de la forêt d’Amérique Centrale, en plein Tropiques.
Quel est votre savoir-faire ?
Ethic & Tropic a réellement « sauvé » un savoir-faire ancestral et moribond détenu par une poignée de femmes au cœur de l’Amérique centrale. Nous tissons des pièces traditionnelles uniques dérivées des rites chamaniques.
Présentez-vous en quelques lignes :
Corinne Bally, je suis littéraire de formation et c’est la littérature qui m’a conduite au Panama. J’ai toujours travaillé avec des créateurs, des artisans et des artistes mais je suis avant tout une aventurière, amoureuse des gens et dotée d’une grande curiosité.
Je travaille actuellement seule avec plusieurs centaines de femmes dans un des lieux les plus dangereux au monde.
De quelle volonté est né votre travail ?
Mon travail est né d’une relation exceptionnelle avec des femmes de deux petites ethnies d’Amérique Centrale, les Wounaan et les Emberas. Je travaille maintenant avec plusieurs centaines de femmes de différents villages qui en partie grâce à ce projet et à la rémunération juste de leur travail peuvent se maintenir et maintenir leur famille dans leur environnement traditionnel.
Je suis heureuse de collaborer avec ces femmes et heureuse de sauvegarder un savoir-faire quasi oublié.
D’où viennent vos matières premières et comment ça se passe ?
A environ 9000 km de Paris, à plusieurs jours de voyage des grandes capitales… On parle de « bouchon » lorsque l’on réfère à cette partie de l’Amérique centrale car il est impossible d’y circuler du fait de l’absence totale de routes et de pistes, « El tapon del Darién ».
C’est la plus grande réserve de tout le continent américain, un des lieux les plus préservés au monde, patrimoine mondial de l’UNESCO, réserve de biosphère.
Au sein de cette forêt très dense et dans cet environnement préservé, vivent deux petites communautés indigènes parmi les plus méconnues au monde, les plus authentiques aussi, les Wounaans et les Emberas.
Les matières premières sont collectées dans la forêt tropicale autour des villages et les masques sont produits dans ces mêmes villages. Pas d’atelier, les femmes travaillent chez elles et à leur rythme. Je voyage et séjourne dans ces villages tous les deux mois. Je suis la seule non indigène à pénétrer dans ces lieux, séjourner régulièrement dans ces villages et partager la vie et le quotidien de ces femmes.
Je travaille dans une zone dangereuse, appelée « zone rouge » et j’ai un laisser passer pour pénétrer dans cette partie de la forêt, je suis la plupart du temps sous escorte.
Pour aller d’un village à l’autre, pas de route, je dois utiliser une frêle embarcation pour me déplacer, il faut en général trois à quatre heures de navigation, parfois sous une pluie diluvienne pour se rendre d’un village à l’autre. Puis je séjourne dans des cabanes de bois sans eau, sans électricité. C’est une véritable aventure.
Pour transporter les masques nous utilisons de même de frêles embarcations, puis dès que nous atteignons la route c’est avec un véhicule 4X4 que nous les transportons jusqu’à la ville.
Je n’ai aucun intermédiaire et rencontre personnellement les artisanes à chaque voyage.
Des projets ?
Continuer à m'émerveiller et à travailler avec le même plaisir, faire de belles rencontres aussi.
Élaborer de nouveaux objets avec les femmes Wounaans et Emberas afin de valoriser leur savoir-faire et leur permettre de se maintenir dans leurs villages…